cap-vert : les îles du vent, ça décoiffe !
Il existe quelque part un archipel composé de dix îles à la nature si contrastée, et à la population si accueillante, qu’on y randonnerait des mois entiers… Un monde à part où montagnes escarpées et volcans à la végétation luxuriante vibrent au rythme de la fête et de la musique… Et ceci à quelques heures seulement de chez nous ! Des plages de Boavista au sommet du Fogo, de Praia à la baie de Mindelo, des sentiers de Santo Antão aux collines de Santiago, le Cap-Vert conquiert les cœurs, raffermit les mollets et laisse dans les esprits une douce musique qui perdure bien des années.
Sylvain Lenglart, chargé de production « Libre & Nomade » chez Nomade Aventure nous raconte son voyage…
Nous partons à la découverte d’îles où l’Homme a su s’adapter à la nature, où la beauté des cultures en terrasses est à la hauteur de l’effort fourni, où les kilomètres de sentiers pavés nous emmènent au cœur des petits villages, et où les vignes, qui poussent sur les flancs noirâtres du volcan Fogo, donnent un vin aux multiples parfums qui titillent encore aujourd’hui nos papilles.
SAL – BOA VISTA – SÃO VICENTE : sous les pavés, la plage…
Aéroport de Sal, nous voici arrivés au Cap-Vert avec pour objectif de construire de nouveaux itinéraires. Rapidement, nous parcourons l’île, sa plage et la saline de Pedra Lume dans son écrin volcanique. Ensuite, nous reprenons l’avion, direction Boavista, son mini-désert de dunes, et ses plages à kitesurf à perte de vue, pour une extension balnéaire, mais pas plus ! Aéroport de São Vicente, les deux pieds sur le tarmac, la première brise nous dit : « cette île sent bon la vie et le pontche maison » ! En quinze minutes, nous arrivons sur la petite plage de sable blond de São Pedro, les pêcheurs ramènent la pêche du jour, les filets sont réparés, nous aimons ! La ville de Mindelo et sa baie majestueuse nous accueillent à bras ouvert. Césaria Evora vit ici, les marchés colorés et terrasses de café nous font dire que nous avons trouvé notre point d’entrée. C’est ici que commenceront nos circuits.
SANTO ANTÃO : la rando dans tous ses états
A peine sommes-nous descendus du ferry qui nous emmène sur l’île de Santo Antão, qu’une voiture nous conduit dans l’enceinte d’un ancien volcan à Cural, au sud-ouest de l’île, où nous enfilons nos groles de rando. Après avoir fait connaissance avec la famille, qui nous accueille pour la nuit, nous partons sur un superbe sentier, entièrement pavé, qui serpente au cœur de la montagne comme une signature de l’homme sur la nature. L’arrivée en haut du sentier vaut son pesant de sueur ! Une vue incroyable sur le Top de Coroa, sommet de l’île culminant à 1 979 m, vient récompenser tous nos efforts ! Au bord du sentier, nous rencontrons l’original du coin qui vit dans une maison troglodytique et qui écrit à tous les présidents du monde pour leur proposer d’unifier les peuples. Un doux rêveur bien plus accueillant que le plateau aride et désertique où il a élu domicile. Nous redescendons les 750 m de dénivelé et terminons cette première rando en cinq heures. Les sourires de nos hôtes, aussi nourrissants que la bonne soupe de poissons et le poulet curry servis ce soir finissent de rassasier nos esprits. Loin de toute civilisation, c’est avec les premières ampoules aux pieds que nous profitons des lumières d’un ciel sans pollution citadine… retour aux sources.
Nous consacrons la journée suivante à la découverte de la région d’Alto Mira et de ses cultures en terrasses. C’est dans une rhumerie que nous rencontrons « Miss Bigoudi ». Elle nous fait goûter la production locale distillée à base de canne à sucre et agrémentée de mélasse ou de coco, un délice qui nous donnera la force d’enchaîner sur une nuit dansante, dans la petite boîte de nuit de Ribeira Grande, ville colorée de la côte nord-est de l’île.
C’est en analysant la course du soleil dans le ciel, que nous décidons d’entamer la rando du jour vers 14h au départ de Boca Das Ambas. Nous avalons ainsi à l’ombre, en deux petites heures, les 600 m de dénivelé pour atteindre le col et profiter des belles lumières. Derrière nous les sommets, devant nous, 600 m plus bas, les vagues de l’océan viennent lécher les pas de portes des maisons de pêcheurs, du village de Cruzinhas. Nous mettons deux bonnes heures avant d’accepter de descendre de notre perchoir. Les rayons du soleil couchant peignent d’or les pavés du chemin. Sur le sentier, une vache se meurt, la jambe cassée. Son propriétaire lui a construit un abri de fortune pour la protéger du soleil et lui amène, trois fois par jour eau et nourriture, depuis deux semaines, il ne peut se résoudre à l’abandonner. Il habite à une heure de marche de là, cela nous fait réfléchir. Un village de pêcheurs paisible, nous dit notre guide. Nous arrivons en pleine fête du village, les rythmes métissés et autres déhanchés nous transportent au bout de la nuit.
Notre septième jour au Cap-Vert, nous voit serpenter en bordure de l’océan. Le bruit du ressac rythme nos pas. Des pavés, encore des pavés… combien d’hommes et combien d’années pour construire ces sentiers assez larges pour que deux mules puissent s’y croiser ? Après Cruzinhas, arrive Formiginhas puis Fonthainhas, des villages enclavés, perchés sur des éperons rocheux. Autour de nous,la montagne est façonnée, cultivée par l’Homme, et un peu comme partout, quand la vie est dure, l’accueil est chaleureux, le partage évident, et le touriste une source de divertissement. Du café rasta de Corvo où le tenancier arbore l’écharpe de Marseille, au resto du port de Ponta do Sol où nous nous restaurons ce soir-là, nous n’avons de cesse d’échanger, avec trois mots de créole et deux de portugais les politesses d’usage pour casser la glace qui finit toujours dans un verre de pontche.
Notre temps sur Santo Antão tire à sa fin, la route dite de « la corde » et ses panoramas grandioses nous ramènent au ferry, direction l’aéroport de São Vicente.
Si Santo Antão est considérée comme l’île de LA randonnée au Cap-Vert, l’île de Santiago n’en est pas moins intéressante. Des dix îles de l’archipel, c’est la plus grande avec ses 991 km2, et également la plus peuplée. A sa droite, l’île méconnue de Maio, et à sa gauche le point culminant du Cap-Vert : le Fogo. Praia, capitale de l’île, grouille d’activités. Nous sillonnons les marchés, parcourons la vieille ville au charme colonial. Nous nous régalons de langoustes grillées, servies avec le gratin des musiciens capverdiens, qui enchaînent sur scène les mornas de Césaria Evora et bien d’autres pépites musicales gardées secrètes dans les soufflets des accordéons, et cordes des guitares que font vibrer leurs doigts inspirés.
FOGO, l’indomptée : sur le toit du Cap-Vert
Aéroport de Fogo, nous voici sur l’île volcan de l’archipel, et son cratère qui culmine à 2 892 m d’altitude. Nous partons directement à Chã das Caldeiras, petit village situé au pied du cône principal du volcan. Les seules activités au cœur de la caldeira sont l’entretien des vignes gérées en coopérative, et le tourisme. La caldeira est superbe, immense, hostile, noire. Les habitations y sont construites en pierre de lave, un désert minéral, où les quelques arbres et vignes qui persistent, tranchent de leur vert éclatant dans le paysage.
Cinq heures du mat, nous enfilons pour la dernière fois du séjour nos godillots. Nous savons que c’est notre ultime rando. Le ciel le sait aussi, et nous gratifie d’un bleu avec juste ce qu’il faut de nuages pour que nous puissions le différencier de l’océan. Nous grimpons doucement le flan du volcan, la pente est raide et, mine de rien, il y a 1 100 m de dénivelé à avaler. Le panorama est dantesque, d’un côté le mur d’enceinte de la caldeira de 1 000 m d’altitude à son point le plus haut, de l’autre, on aperçoit au loin les îles de l’archipel. Nous sommes au sommet du cratère et savourons ce moment qui est, dans ce voyage, une cerise sur le Fogo !
S’il nous faut 3h30 pour grimper, le guide nous dit qu’il nous faudra 20 mn pour descendre. Nous choisissons le flan du volcan, où a éclos en 1995 le petit Fogo, pour commencer notre descente. La technique est simple, courir, le plus vite possible tout droit avec du sable volcanique à mi-mollet. Une descente infernale et magique. 20 mn plus tard, nous sommes sur le flan du petit Fogo et ses couleurs jaune souffre et rouge éclatant. Le guide nous invite à poser la main sur le sol, nous pourrions y faire cuire un œuf.
Notre séjour au Cap-Vert s’achève de belle façon. C’est avec nostalgie, deux bouteilles de vin blanc et une de pontche que nous quittons l’archipel. Et, c’est avec joie que nous y retournerons !
Envie de partir vous aussi à la découverte du Cap Vert ? De Boavista pour les amateurs de plage, en passant par Santiago et São Vicente pour les promeneurs et curieux de la culture capverdienne, à Santo Antão et Fogo pour les amoureux de rando, cet archipel répond à tous les appétits d’aventure alors trouvez l’offre Nomade qui vous correspond !
Par Sylvain LENGLART, chargé de production « Libre & Nomade » chez Nomade Aventure.